J’ai eu le plaisir d’assister à une conférence donnée dans le cadre des journées du patrimoine par Jacques Santrot, conservateur en chef du patrimoine dans l’église Saint Nicolas de Barbâtre.

Le thème , on ne peut plus actuel était :

« Pestes et épidémies à Noirmoutier, le miracle de Barbâtre en 1722 ».

Un petit mot sur notre église , de style Néo-roman, la construction d’origine remonte au XIeme .Elle fut détruite une première fois par les Anglais, durant la guerre de Cent ans, puis par les Hollandais au XVIIe siècle. L’église est alors remplacée par une chapelle dédiée à Notre-Dame du Refuge, avant de redevenir une église au XIXe siècle.

A l’intérieur 2 vitraux nous intéresse particulièrement, ceux de Saint Sébastien : protecteur de la peste !

Le plus petit de ces vitraux (celui du coté) a été commandé en 1868. La récolte de blé,orge, fève ayant été particulièrement abondante. Les habitants offrirent ce premier vitrail. Le second, dans le coeur à droite de Saint Nicolas a été commandé en 1927.

Thème iconographique

Né en Narbonne en Gaule, élevé d’après Saint Ambroise à Milan, Sébastien était centurion sous le règne de l’empereur Dioclétien. Dénoncé pour avoir exhorté des amis à rester fermes dans leur foi, il fut attaché, sur ordre de Dioclétien, à un poteau et transpercé de flèches par les archers. Il fut laissé pour mort. Sainte Irène, voulant enlever son corps pour l’enterrer, s’aperçut qu’il vivait encore et lui sauva la vie par ses soins. Après sa guérison, il reparut devant Dioclétien pour lui reprocher sa cruauté envers les chrétiens. Il fut flagellé, assommé dans le cirque et son cadavre fut jeté dans l’égout de la Cloaca maxima. Saint Sébastien était considéré comme le troisième patron de Rome après Saint Pierre et Saint Paul. Ses reliques étaient déposées

à Saint-Sébastien-hors-les-murs. Les flèches, instrument de son supplice, lui valurent le patronage des archers et arbalétriers, les tapissiers et les ferrailleurs. Au Moyen-âge, il devint le premier des saints « anti pesteux ».

D’après une antique croyance, le peuple se représentait la peste comme inoculée par les traits d’un dieu irrité.

Saint Sébastien ayant échappé à la mort par ce moyen aurait le pouvoir d’immuniser ceux qui l’invoquent. Son culte était très répandu jusqu’au XVIIe puis il doit faire face à la concurrence d’autres saints anti pesteux qui ont l’avantage sur lui d’avoir réellement soigné des malades (Saint Roch, Saint Charles Borromée). Les homosexuels, séduits par sa nudité d’éphèbe apollinien, en firent aussi leur patron.

Le Sodoma, Saint Sébastien (1525),
huile sur toile, 206 × 154 cm,
Florence,

Le miracle de Barbâtre

Pendant l’hiver 1722, 20% de la population de Barbâtre meurt d’une épidémie de peste. Il y a tellement de morts qu’on ne sonne plus le glas. En 1884 le choléra fait 95 victimes sur la commune. Entre temps c’est la dysenterie qui décime la population.

Revenons en 1722. A cette époque les médecins de la peste sont habillés d’un long manteau de cuir et de masque en forme de bec d’oiseau garni d’herbes antiseptiques.

Il faut un laisser-passer pour pouvoir circuler. On ne peut ni entrer ni sortir de l’ile.

Les habitants ont pour obligation de peindre à la chaux intérieur et extérieur des maisons (cette habitude à perduré jusqu’à il y a peu de temps). Les fossés doivent être curés. Les huitres doivent être nettoyées en mer
Marguerite Palvadeau, âgée de 88 ans, certainement une femme instruite pour son époque puisqu’elle savait lire, est venue depuis son quartier de la Fosse proche du pont jusqu’à l’église (environ 4 km) par des chemins boueux et certainement en très mauvais état, rencontrer le curé de la paroisse afin de lui présenter un livre qui recensait tous les saints et les maux qu’ils guérissaient. Saint Sébastien, protecteur de la peste entre ainsi dans notre histoire.

Les hommes valides de la commune partirent alors en pèlerinage ( pieds nus et en chemise ) à Saint Sébastien sur Loire près de Nantes, à 70 km . Ils firent vœu de perpétuer ce pèlerinage si la peste cessait. A leur retour, la peste avait cessé . C’est ainsi que débuta une époque de procession qui avait lieu chaque 20 janvier après 1722.

Cette procession a continué d’exister jusqu’à très récemment sur la commune. Le 20 janvier était une journée chômé et malheur à celui qui osait travailler ce jour là … il risquait tout simplement de mourir dans l’année.

L’actuel maire de Barbâtre, se souvient encore de ces processions où l’on promenait à travers le village la statue de Saint Sébastien.

En 2016, on dénombrait 500 millions de pèlerins à travers le monde : Lourdes, la Mecque, saint Jacques de Compostelle pour ne citer qu’eux.

Vous reprendrez bien une dose de NO

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